- Une infirmière va bientôt vous montrer votre chambre, vous serez logée dans la première chambre de l'aile ouest.
Avant de rentrer, j'attends qu'une infirmière nous guide à sa chambre afin de voir un peu à quoi ça ressemble. Durant l'attente, je vois une fille avec une natte tressée lui arrivant presque au bas du dos passer dans la cour extérieure avec sa copine. La fille en question est en jean orange marron très moulant avec une écriture noire assez grande un peu stylisée genre gothique et très voyante juste à l'endroit de ses grosses fesses : Von Dutch. Cela m'arrache un sourire. Je ne sais pas ce que veut dire Von Dutch, mais cela fait déjà quelques temps que je vois ce nom en ville à Ihosy sur des tee-shirts, casquettes, enfin presque sur tous les genres de fringues. Je me dis que ça doit être une marque de fringue connue ou de moto ou quelque chose dans ce genre.
Au bout de cinq minutes, une infirmière nous mène le long du couloir intérieur. L'hôpital est en forme de U est à l'extérieur comme à l'intérieur de ce U, il y a une cour. La cour extérieure est vaste est un peu quelconque tandis que la cour intérieure est un très joli jardin au milieu de laquelle est planté un cocotier autour de laquelle sont plantés plusieurs sortes de fleurs en plates bandes bordés de briques.
On se croirait dans une cloître ou un abbaye avec le calme de cet hôpital mais surtout sa forme qui renforce cette impression. La véranda intérieure (galerie serait le mot plus juste) tout le long du bâtiment en U et qui borde ce jardin fleuri sert surtout de couloir pour le personnel de l'hôpital tandis que la véranda extérieure est réservée aux malades. Nous marchons donc à la suite de l'infirmière le long de cette galerie, on peut facilement imaginer croiser un moine dans cette « cloître », lol !
Bientôt nous arrivons devant une porte au-dessus de laquelle est inscrite dans un petit cadre en verre : médicine F. Je me disais in petto, tiens ! Ils ont écrits médicine et non médecine. Je croyais que F voulait dire que c'est la chambre après le E, il n'en est rien car au-dessus de la chambre à côté est inscrite médicine H. F et H voulait donc dire femme et homme.
Effectivement lorsque j'accompagne maman dans sa chambre il y a déjà deux patientes sur 2 des trois lits de la chambre. Le lit du milieu est vide et deux femmes de chambres est en train de faire le lit. La chambre est carrelée et propre, il en est de même pour le mur et les rideaux. Une odeur d'eau de javel plane un peu dans la pièce, on a dû laver les carreaux il n'y a pas longtemps encore car le sol est encore un peu humide. Une lampe tube est fixée au plafond et près de chacun des trois lits se trouve des tables de chevets en bois de sapin vernis sur lesquels trônent des bougeoirs. Les lits sont individuels et tous ont de draps et de couvertures identiques. Le lit du milieu a été fait à la façon des chambres d'hôtels par les deux femmes. On se serait cru dans une clinique privée de la capitale et non au fond fin de la brousse !
Notre guide nous explique un peu le règle de la maison, l'électricité est coupée à 21 heures tous les jours, chaque lit a un bougeoir et les malades doivent avoir des bougies qu'ils vont utiliser à tour de rôle. Par exemple si le premier lit utilise ses bougies à l'extinction du courant aujourd'hui, demain se sera au tour du lit numéro 2, après ce sera le tour du lit n°3. Une pièce attenante à cette chambre sert pour les toilettes, il y a une douche avec pommeau et lavabo avec robinet ainsi qu'une cuvette turque avec chasse d'eau. Je remarque que l'endroit est propre aussi, en revanche il n'y a aucun miroir.
- L'eau est courante 24h/24h mais il n'y a pas d'eau chaude.
Après ses explications l'infirmière est partie, Maman et moi saluons les occupants du lieu, en l'occurrence les deux malades et leurs gardes. La malade de gauche est vraiment mal en point, elle vient de se faire opérer ce matin. Une sonde qui vient de sous ses draps mène à une poche transparente plastique sous son lit, on dirait de l'urine mêlé à du sang. A demi inconsciente, elle se plaint et à la voir elle est vraiment dans un piteux état, je me disais qu'elle aura de la chance si elle passe cette nuit. De la voir ainsi maman et moi ça ne nous rassure guère ;-(
La malade de droite est une jeune fille gardée par sa maman qui est une vieille dame, elle a du avoir sa fille bien tard car il y a trop d'années entre la mère est la fille.
La jeune fille a la lèvre inférieure très épaisse, une vraie boursouflure.
Nous mettons notre programme au point, je ne vais pas encore la garder ce soir mais dès demain matin de bonne heure, je serais ici pour presque 24h/24h, elle est prévue d'entrer en bloc dans la matinée. Je descends donc au village pour acheter une allumette car je vais garder à l'hôtel ce soir le briquet pour ma chambre, pas besoin d'acheter des bougies car nous en avons déjà emmené un paquet lors de notre départ qui était bien le mercredi 26 Juillet et non le 28 juillet comme je l'ai écris par erreur précédemment comme l'atteste la date de mon ticket de caisse à la pharmacie le jour de notre arrivée). J'achète aussi des piles R6 chez Rafily pour ma petite lampe de poche car je vais laisser la grande lampe plus puissante pour elle à l'hôpital. Décidemment chez Rafily tout est moins cher qu'en ville, la petite pile de R6 qui s'achète à 150 ariary (0,05 €) en ville coûte seulement 100 ariary (0,04 €) chez lui ! Dans la boutique, un homme qui doit être un docker me salue d'une manière un peu trop familièrement, comme si je le connaissais, je lui réponds distraitement, la tête préoccupée par l'opération.
Après mon achat je rentre à l'hôtel pour préparer dans un petit sac quelques affaires de maman, son pyjama, sa brosse à dents, quelques dessous et vêtements, deux romans photos et deux journaux pour passer le temps, sans oublier la grande lampe de poche et l'allumette. J'aurais bien aimé lui acheter une bouteille d'eau mais c'est interdit par le médecin, va savoir pourquoi une personne qui va être opérée le lendemain n'a pas le droit de manger ni de boire de l'eau, ce n'est pas l'abdomen qu'on va lui opérer, c'est la jambe !
Il doit être déjà 17h lorsque je retourne à l'hôpital. J'entre par la porte qui donne sur la galerie extérieure et je l'aide à installer ses affaires dans le petit tiroir et placard de la table de chevet. Je lui tiendrais compagnie jusqu'à environ 18h30. On parle pendant ce temps, on se pose la question si ma sœur et mon beau-frère va venir ou pas. Hier jeudi nous avons donné une lettre à une dame qu'on a rencontré et qui rentre sur Ihosy après avoir fini ce qu'elle a fait ici à l'hôpital, nous lui avons donné une lettre à leur remettre. Dans la lettre nous leur disions de venir s'ils peuvent se libérer. En effet avant notre départ, ma sœur avait une rage de dents qu'elle a dû ôter chez le dentiste et qui lui faisait encore mal, mais elle et son mari a émis le souhait de venir sur place pour l'opération. D'un autre part le Dr Roger a dit lors de l'entretien de mercredi que maman pourra sortir samedi. La lettre disait donc qu'ils peuvent venir s'ils veulent toujours mais que s'ils ne peuvent se libérer ou si elle a encore mal, c'est pas grave dans la mesure où maman ne restera qu'une journée à l'hôpital.
Après réflexion et quelques discussions avec les autres gardes malades, il est évident qu'elle ne sera pas libérée samedi car elle va sûrement encore être gardée en observation. La plupart des gens opérés dans cet hôpital sont gardés deux ou trois jours.
On se pose alors la question s'ils vont venir ou pas. C'est mieux en effet d'avoir une garde malade de sexe féminin si le malade en question est une femme, comme c'est dans le cas présent. Ne serais-ce que d'aider la malade à aller aux toilettes par exemple.
Une jeune femme arrive en renfort pour la malade du lit de gauche, elle et une dame plus âgée se relaieront pour garder leur malade durant la nuit.
Dès ce soir, une infirmière va venir pour poser le sérum de maman.
(A suivre)
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