Chez Rafily j'ai un choix de brosse à dents vite réglé devant moi. Il y a 3 sortes en trois prix différents : de 200 ariary (0,07 €) à 800 ariary (0,29 €), j'ai une préférence pour ce dernier qui est de bien meilleur qualité, de plus c'est moins cher qu'à Ihosy. Dans les grands magasins de Fianarantsoa, les brosses à dents des grandes marques européennes se vendent jusqu'à 4000 ariary (1,47 €) !
Je rajoute un petit pack de jus d'orange encore moins cher qu'en ville, je m'étonne de plus en plus.
Enfin nous rentrons dans le petit hôtel vers 18h, en quelques minutes il commence déjà à faire nuit noire, on est en hiver.
C'est fou ce qu'on mange très tôt à la campagne ! On sert le dîner dès 18h30 et à partir de 19h30 le resto et le petit bar va fermer. On dîne donc d'un poulêt sauce à peine un peu plus cher que le prix de la viande à midi. Décidément ce petit hôtel ne semble connaître que des plats en sauce ;-)
On rentre dans notre chambre à dix-neuf heures et quelques et on fait nos lits, maman sur le grand lit et moi je mets par terre dans un coin mon matelas à foin. Le drap que l'hôtelier m'a donné est d'une propreté bien douteuse, heureusement qu'on a apporté nos draps nous-même ainsi que des chaudes couvertures, l'hôtel ne fournissant que le drap du lit. En quelques minutes nous dormons harassés par le voyage et les marches. Dès 5h du matin nous n'arrivons plus à dormir, d'ailleurs il y a déjà beaucoup de bruits dehors bien qu'il fait encore nuit noire. On dirait presque que les gens d'ici couchent et dorment en même temps que le coq !
Nous nous levons pour sortir et aller au W.C, dehors il fait bien froid et une brume épaisse est présente, il doit faire 7 ou 8°C car à part mon pull j'ai mis pardessus celui-ci mon doudoune.
De retour à l'hôtel on demande de l'eau en seau pour se laver et on se prépare pour aller faire les tests. On prend nos carnets et on y insère les papiers que les docteurs nous ont donnés pour les analyses. A 6h 45 on part pour l'hôpital qui se trouve à environ 1km, il faut arriver là-bas vers 7h afin qu'on soit parmi les premiers à faire les tests. Dès que nous arrivons il y a déjà quelques carnets avant nous et quelques personnes attendent sur les bancs de pierres le long de la grille de l'hôpital avant que celui-ci ne s'ouvre. Les plantes alentour sont toutes mouillées par la rosée matinale. La majorité des patients viennent du village et celles des villages voisines, ils sont emmitouflés pour la plupart dans le lamba traditionnel, sorte de drap couvrant le corps mais laissant apparaître le visage et les mains mais qui ne couvre que jusqu'au genoux. il y a aussi environ 5% des patients qui viennent d'Ihosy pour certains tests qui n'existe pas dans notre ville faute de réactif ou pour des échographies. Un autre pourcentage non négligeable d'environ 15% vient de loin et même parfois de très loin, de Morombe sur la côte ouest, de Tuléar, de Fianarantsoa, d'Ilakaka qui est l'eldorado malgache, capitale mondiale actuelle du saphir.
A 7h 30 la porte du labo s'ouvre et les appels commencent, vers 8h 00 nos noms sont prononcés et on entre faire des prises de sangs, on donne aussi nos échantillons de selles et d'urines qu'on a emporté depuis l'hôtel. Sur le carnet de maman est inscrite en stylo rouge « entrée en bloc vendredi », le laborantin lui fait beaucoup plus de test qu'à moi. Un des tests m'intriguait : l'oreille de maman sera ponctionnée par une aiguille, c'est peut-être pour voir si elle est hémophile ou pas je sais pas.
- Revenez cette après-midi prendre vos résultats vers 15h00, nous dit le laborantin.
Dès que les tests sont finis, nous rentrons à l'hôtel vers 9h. Comme on a sauté le petit-déjeuner on grignote des biscuits en buvant du coca. La petite domestique de l'hôtel dès qu'elle m'a aperçu me demande 100 ariary et je la lui donne.
L'heure du déjeuner est encore loin, voilà donc quelques heures vides à combler. Ma mère se soulage de son angoisse de l'opération en faisant quelques petites coutures qu'elle a emportée avec elle justement pour combler des heures vides à ne rien faire. Pour ma part je me mets à lire du journal. L'article sur le troisième tour cycliste de Madagascar m'intéresse. Ravoatabia, le malgache qui a gagné en 2004 semble être le favori cette année, l'année dernière la victoire est revenue à un français.
Après quelques lectures j'écris nos dépenses sur un petit carnet, puis je demande à ma mère.
- Combien d'argent tu as emporté ?
- 2 millions FMG (400.000 ariary) et quelques.
- Tu m'avais demandé combien on va emmener et je t'ai dis 3, pourquoi tu as changé d'avis ?
- Ben j'ai pas voulu en prendre dans le coffre car il y avait pleins de trucs qui me gênait devant que j'ai pas voulu déplacer, et puis j'ai pensé que le docteur ne nous donnera qu'un rendez-vous et qu'on reviendra quelques jours plus tard pour l'opération. Alors j'ai pris de l'argent dans un tiroir mais j'ai pas bien compté. Je n'ai pas du tout pensé qu'ils vont m'opérer tout de suite.
- Et voilà que les médecins ont décidé de t'opérer demain, on aura l'air de quoi s'ils présentent la facture après et que l'argent qu'on a emporté n'est pas suffisant ? On aura bien l'air fin….
- Comptons l'argent que je tu as sur toi et ce que j'ai sur moi.
Après comptage, nous avons en tout 459.400 ariary (soit 168 euros).
On se regarde ma mère et moi, très perplexe et angoissé à l'idée que ce que nous avons emmené ne suffira pas pour payer la facture de l'opération et de l'hospitalisation….
(à suivre)
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