Lassée du journal je passe sur une fiche de jeux questions pour un champion concernant France Gall, hélas je n'ai trouvé que deux bonnes réponses à la suite. Dégoûté je lève les yeux et je vois un jeune vazaha en jean et pull noir qui passe pas loin de nous, il a environ la trentaine, la silhouette de Pierre Palmade sauf pour la tête qui ne lui ressemble pas et a une façon un petit peu féminine dans sa façon de ranger avec sa main ses cheveux bouclés ni courts ni longs.
Ma mère et moi on se regarde en disant :
- Et si c'est lui qui va m'opérer ?
- Non, je dis, il est un peu trop jeune, tu ne trouves pas ?
- Et s'il c'est un jeune qui vient ici juste pour se faire la main ?
- Non, c'est pas possible, c'est une opération un peu délicate pour être faite par un novice. Mais qui sait ? Peut-être que c'est lui ce fameux chirurgien ? Il ne faut jamais le sous-estimer sous prétexte que ce soit un jeune.
Je me ravisais en effet en me disant qu'il ne devait pas y avoir 36 vazaha dans cette bourgade d'autant plus que ce n'est point le genre d'endroit que les touristes visitent. Ces derniers vont plutôt à Ifaty près de Tuléar pour la plongeon ou à Fort-Dauphin avec sa célèbre plage libanona ou encore voir la baie de Diégo-Suarez avec son fameux pain de sucre, l'île de Nosy-Be ou encore Sainte-Marie et ses baleines. Bref les endroits pour touristes ne manquent pas sur l'île, tout sauf cette petite bourgade du bout du monde.
Enfin vers 16 heures, la sage femme sorte d'une porte assez loin et en nous apercevant, viens vers nous.
- Bonjour.
- Bonjour, vous avez reçu mon message ?
- Oui c'est pour ça que nous sommes venus assez vite.
- Oui vous avez bien fait car ce chirurgien ne restera pas longtemps, il repartira en Italie en Août. Je vais tout de suite parler à Dr Roger le médecin chef ainsi qu'au chirurgien vazaha et ils vont vous recevoir.
Peu après le médecin chef nous invite à rentrer, ma mère entre en première et je me tiens un peu en retrait dans la salle d'urgence où il nous a fait entrer et présente à ma mère le jeune vazaha qu'on vient de voir.
- Voici le spécialiste qu'on attendait depuis longtemps, dit-il à ma mère. Vous vous souvenez lors de votre séjour en 2003, je vous ai dit que je vous ferais passer le message lorsqu'un spécialiste viendra.
L'hôpital a son chirurgien et le Dr Roger lui-même est un assistant chirurgien mais lors du précédent passage de ma mère, ils n'ont pas osé l'opérer, préférant attendre la venue d'un spécialiste en chirurgie vasculaire.
Ils nous mènent vers une autre salle contiguë et le médecin vazaha (prononcez vasa) commence à poser toute une série de questions en italien à ma mère tout en consultant sa jambe droite avec les veines très gonflées et disgracieuses. Le Dr Roger traduit au fur et à mesure. L'italien ne parle pas un mot de français alors que c'est l'une des deux langues officielles à Madagascar.
Vers la fin de la consultation, le Dr Roger dit :
- Vous voyez ce médecin, je l'ai spécialement appelé de l'Italie pour vous soigner. Ma mère et moi sourions en se disant qu'il doit un peu exagérer.
- Veuillez patienter porte 5, dit-il à l'intention de ma mère et attendez l'appel de vos noms par le Dr Misa. Lors de notre attente à la grille en effet, on a déjà mis nos carnets sur la pile des carnets des autres malades, les carnets tout en bas seront les premiers appelés. Le mien y est aussi car je profite de ce voyage pour voir ce qui ne va pas chez moi, dernièrement j'ai eu des hypotensions orthostatiques, il y a aussi mon problème d'allergie solaire, et je voudrais surtout voir ce qui ne vas pas avec mon oreille droite qui a perdu 80% de sa perception :
J'ai le souvenir vague qu'à l'âge de 5 ans environ, ma sœur et une cousine m'ont nettoyé l'oreille à l'aide d'une tige d'allumette sur lequel elles ont mis du coton. Tout à coup elles ont eu peur car il y avait comme un petit bruit de chose qui a éclaté et moi j'avais mal en ayant l'impression de ne pas entendre, j'ai eu l'impression d'avoir le tympan perforé ou que le coton y est resté au fond depuis bientôt 29 ans maintenant. Il est plus que temps d'en avoir le cœur net si effectivement j'ai le tympan perforé ou si seulement le coton y est resté profondément.
(A suivre)
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