18 October 2006

L'opération (suite 14)

Les gardes malades dans les chambres commentent ces décès qui deviennent un peu successifs. Il faut dire qu’il n’y a pas beaucoup de sujets de conversations. Les deux convalescentes ainsi que maman qui se trouvent dans la même chambre commencent sérieusement à avoir des envies de rentrer plus vite à la maison.

Je redescends au village vers 7 heures avec René remporter les affaires de la nuit et aussi prendre la commande du petit déjeuner de maman et de ma sœur. Elles viennent de choisir encore du sosoa au kitoza au détriment du vary amin’anana (littéralement « riz aux légumes »), l’autre plat traditionnel en matière de petit-déjeuner.

Nous repassons chez Rafily avant d’aller à l’hôpital pour acheter du papier toilette softy, du Fanta citrus et 2 jus d’orange en brick.

Vers 9 heures les infirmières passent dans les chambres comme toujours faire leurs injections quotidiennes d’antibiotiques, de vitamines ou autres selon les patients.

Les autres gardes malades et nous discutons des prix défiant toute concurrence pratiqués chez Rafily. En fait, il s’avère selon les gardes malades du lit à gauche de maman, que Rafily se fournit directement à la capitale et en plus il prend une très mince marge bénéficiaire afin de « tuer » tous les autres concurrents. Et cela semble marcher car les autres commerçants du village vivotent alors que chez lui ça ne désemplit pas. Il en est de même pour la ligne des taxis-brousse qui relie Ihosy à Sakalalina, il y avait un temps ou d’autres voitures se sont mis à faire la même ligne, Rafily a alors baissé très bas jusqu’à perte (incroyable mais vrai !) le prix du ticket de ses voitures. Devant une telle concurrence déloyale et ne pouvant pas baisser au même prix le prix de ses billets, ses concurrents ont du mal à trouver des voyageurs et finalement, abandonnent cette ligne. Dès qu’il n’y a plus de concurrent, Rafily rehausse le prix du ticket. Diabolique mais efficace !

Vers 10 heures, la doctoresse Seheno passe dans la chambre et dit à maman qu’elle rentrera probablement lundi, sans préciser si ce sera lundi matin ou dans l’après-midi. Elle dit pour la jeune fille opérée au lèvre qu’elle restera probablement encore pour quelques jours afin d’être réopérée. Il ne faut pas se hâter de rentrer dit-elle, il faut que tu sois réopérée pour que cette lèvre sera parfaite. Cela met la jeune fille au bord des larmes, elle qui se voyait déjà rentrer aussi lundi comme Hary et maman. Cela aussi est la faute aux médecins, Dr Misa et Dr Roger lui avait déjà laissé entendre qu’elle rentrera bientôt et que ce qui reste de gonflement sur sa lèvre sera peu à peu absorbé, elle était déjà bien contente d’entendre cela.

Nous avons pitié de cette jeune fille qui tombe en larme dès que Dr Seheno sorte de la pièce. Toujours cette hâte de certains médecins à ce que certains lits soient vite évacués afin de permettre aux nombreux patients en attente d’hospitalisation de les occuper.

Vers 11 heures, maman nous dit d’apporter le fisaorana (remerciement) à la sage-femme qui nous avait prévenus lorsque nous étions à Ihosy de l’arrivée de ce chirurgien spécialiste vasculaire. Le fisaorana est très présent dans la vie quotidienne malgache, par exemple toute bénédiction nuptiale se termine presque toujours par le fisaorana qu’on donne au prêtre qui a officié, en plus de la quête lors de la cérémonie. Le fisaorana consiste en une somme qu’on met dans une enveloppe [généralement de couleur beige ou blanche dans la joie, rarement de couleur bleue, cette dernière étant souvent réservée pour le faho-dranomaso (littéralement essuie-larme) qu’on donne lors des décès pour aider dans les divers préparatifs funèbres la famille éplorée] qu’on donne et dont la contenue diffère selon la possibilité et l’idée de celui qui le donne.

Tous les 4 (Maman, René, Cécile et moi) nous nous sommes mis d’accord sur la somme de remerciement qu’on va donner à la sage-femme sans qui on n’aurait pas pu venir : 20.000 ariary soit 100.000 francs (7,33 €), environ le tiers de son salaire mensuel je pense.

Moi et mon beau-frère donc descendons au village pour apporter le fisaorana à la sage-femme qui n’est pas de garde aujourd’hui, lorsque nous arrivons à sa maison elle n’est pas là car elle est sortie, nous décidons de revenir un peu plus tard. Nous sommes déjà partis lorsque nous l’apercevons qui se dirige vers sa maison. Nous décidons de revenir chez elle.

Elle s’est débarrassée de son sac et veste lorsque nous arrivons. Elle nous invite à entrer dans un petit living simple mais chaleureuse. C’est mon beau-frère en tant qu’aîné en âge qui s’occupe du petit kabary (discours) de remerciement après avoir énoncé le but de notre visite et c’est moi qui après le petit discours lui donne l’enveloppe.

La sage-femme après avoir pris l’enveloppe nous remercie dans un court discours comme le veut la tradition. Après cela nous restons un peu discuter de choses et d’autres puis nous prenons congé de notre hôte. Le tout a durée une dizaine de minutes à peine.

(A suivre)

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